vendredi 15 février 2008

عمر الخيام


Omar Khayyam (1050-1123), poète persan, né et mort à Nichapour, une des grandes villes de la Perse des Seldjoukides.

Epicurien angoissé, mathématicien voluptueux et astronome amoureux des roses,
haïssant l’esclavage de la pensée et préférant les jouissances de l’éphémère aux vérités érigées en dogmes,
il a écrit des Quatrains devenus célèbres (bien longtemps après sa mort) à la fin du XIX siècle,
et qui, aujourd’hui encore, résonnent comme un chant magnifique qui s’élève contre l’imposture religieuse et politique.
Son œuvre jouit depuis lors d’une renommée immense.
Homme qui regardait le ciel en face, au lieu de gémir sur le sort de l’humanité,
il ne voulut lui souhaiter que l’ivresse et l’amour.
Et ce sont ces valeurs, à travers ses mots, qui sont ici partagées ...

V
Puisque nul ici ne peut garantir un lendemain,
Rends heureux maintenant ton cœur malade
D’amour.
Au clair de lune, bois du vin, car cet astre
Nous cherchera demain
Et ne nous verra plus.

X
Ah ! malheur à ce cœur d’où la passion est absente,
Qui n’est pas sous le charme de l’amour,
Joie du cœur !
Le jour que tu passes sans amour
Ne mérite pas que le soleil l’éclaire
Et que la lune le console.

XI
Aujourd’hui refleurit la saison
De ma jeunesse ;
J’ai le désir de ce vin d’où me vient toute joie.
Ne me blâme pas : même âpre il m’enchante ;
Il est âpre parce qu’il a le goût
De ma vie.

(en complément, une illustration vidéo :
http://www.dailymotion.com/video/xzor9_omar-khayyam-cinq-variations-djian_creation)

Même si certains historiens contestent une partie de la masse de robayat (quatrains) qui lui sont attribués, savourons ses vers venus de loin mais si proches de nos désirs si humains ...

XVI
Lève-toi, donne-moi du vin, est-ce le moment des vaines paroles ?
Ce soir, ta petite bouche suffit à tous mes désirs.
Donne-moi du vin, rose comme tes joues …
Mes vœux de repentir sont aussi compliqués que tes boucles.

XXXV
Bois du vin, car tu dormiras longtemps sous l’argile,
Sans un intime, un ami, un camarade, une femme ;
Veille à ne jamais dire ce secret à personne :
Les tulipes fanées ne refleuriront jamais.


XXXVI
Bois du vin … c’est lui la Vie éternelle,
C’est le trésor qui t’es resté des jours de ta jeunesse :
La saison des roses et du vin, et des compagnons ivres !
Sois heureux un instant, cet instant c’est ta vie.

XXXVII
Donne-moi du vin, remède de mon cœur blessé,
Bon compagnon de ceux qu’a fatigués l’amour ;
Mon esprit aime mieux l’ivresse et ses mensonges
Que la voûte des cieux, fond du crâne du monde.

vu que je viens de déboucher un Bordeaux "Moulin de Beausoleil" 2004, assez moyen, voir pas conseillable, je rattrappe le goût de l'ivresse par le livre aux vers hédonistes de l'enchanteur Khayyam :

LXVIII
Avant que le destin te frappe à la tête,
Ordonne qu’on t’apporte du vin couleur de rose.
Pauvre sot, penses-tu être un trésor,
Et que l’on te déterrera après t’avoir enseveli ?

à défaut de tournis dans les veines, je savoure ce doux vertige de l'esprit...



Par Phidias

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