mercredi 23 janvier 2008

Il y a loin de la coupe aux lèvres ...

Alors voilà.

J’essaie d’inculquer dans la mesure du possible quelques notions d’écologie aux ouvriers agricoles avec lesquels je travaille. J’essaie de donner l’exemple, en ramassant les sacs en plastique qui traînent, en emmenant toutes les ordures quand on a passé la journée quelque part…

Récemment, on était en pleine campagne herbicides et engrais (bon, ça ne m’excite pas des masses, mais il faut ce que qu’il faut… du moins pour l’instant).

Alors, le principe, on mélange les herbicides dans un seau d’eau, qu’on verse ensuite dans une citerne (qui pompe de l’eau à la rivière)… et que le tracteur va ensuite épandre sur le champ.

Mon 1er jour, j’observe. Mais à la fin de la journée, je leur dis qu’à compter du lendemain, il faudra prévoir un nouveau seau avec lequel on puisera l’eau dans l’oued, pour ne pas le « contaminer » au contact des seaux « sales ».

Ça les amuse beaucoup, cette idée, ils se moquent à moitié de moi, voire ils se foutent carrément de ma gueule, mais au final, le lendemain matin, il y a quand même un nouveau seau. E t on s'en sert comme il faut.

Alors, bien sûr, je me doute que c’est aussi beaucoup parce que je suis là… et qu’il est probable qu’une absence de 24h leur suffirait pour reprendre les mauvaises habitudes…

Les dix jours passent.

Dernier jour, donc. Je suis assez fière de voir que le jeune qui mélange avec moi fait attention au seau qu’il prend pour puiser l’eau, et qu’il a pour réflexe de jeter systématiquement les capsules de bidons etc directement dans le carton alors qu’il y a une semaine, il les jetait plutôt par-dessus son épaule.

Arrive alors le tracteur chargé de la citerne, il se met en position, dos à la rivière, comme s’il fallait le charger à nouveau.

Et là … il ouvre les buses à plein tubes et verse le reste de pesticides dans la rivière, puisqu’il a fini son champ !!!!!!!!!!!!!!

5 commentaires:

أنيس a dit…

Il faut expliquer le pourquoi du comment et surtout la toxicité des produits qu'ils utilisent (et que cela passe par la nappe phréatique)

Le dernier envoyé spécial parlait des produits agricoles interdits en France

Faudra leur expliquer aussi que pas mal de ces produits sont fortement soupçonnés d'être cancérigènes

ulyssen a dit…

tu sait le probleme viens de l'education meme que nous recevons, il fait comme on lui a appris de faire, moi je me rappele qu'a la fac quand je me levais pour aller jetter le gobelet dans la poubelle situé a 10m mes amis ce foutaient de moi ! il faut leurs donner des arguments pour eux pour leurs santé et y aller doucement ! etape par etape ! et surtout pas perdre espoir !! bon courage tu va en avoir besoin :)

Moon's Girl a dit…

Je ne sais pas ou se déroulent les fait mais si c'est en tunisie c'est la première fois que j'entends parler de quelqu'un qui se soucie de l'environnement.!!
Ayant fait de l'ingénieurie environnementale en spécialisation après l'agronomie générale, je peux te dire qu'on me prend pour une conne à chaque fois que je parlais de impact environnemental des pesticides. Bon courage!

Tchen'tchina a dit…

@ Anis : bien sûr que j'essaie d'expliquer... mais c'est des années de sensibilisation qu'il faut à qq'1 qui te dit, en te voyant rammasser tous les bouchons plastiques :

- "ça sert à rien ce que tu fais, de toute façon, ça va être jeté dans l'oued"

- "mais, c'est pas une poubelle, l'oued!"

- "mella chnowwa ???"

On part qd même d'assez loin.
Les femmes et les jeunes comprennent mieux : les femmes, parce qu'elles s'occupent des bêtes, et qu'elles savent qu'au moment des herbicides, il ne faut pas faire boire leurs bêtes à la rivière... et les jeunes, parce qu'ils sont plus sensibilisés par la radio - télé etc

@ulyssen : oui, je sais bien que c'est une question d'éducation. Et qu'il va me falloir à chaque fois expliquer et ré-expliquer... mais c'est pour la bonne cause ! et j'essaie qd même d'y aller à petites doses. En n'introduisant que de nouvelles pratiques qui ne coütent pas d'effort supplémentaire ... en tout cas, pour l'instant.
Sachant que moi-même, j'ai tout à apprendre !

Anonyme a dit…

Tchen'tchina, tout d'abord, bravo pour le travail que tu fais dans les zones rurales avec ces citoyens.

Changer les mentalités est toujours quelque chose de très difficile et s'étale sur le long terme, mais déjà que tu acceptes de relever ce défi est tout à fait honorable.

Petite suggestion, tu peux t'inspirer des méthodes d'éducation populaire qui ont fait leur preuve dans d'autres domaines.

Tout d'abord, tu fais bien de cibler les femmes et les enfants. Les femmes, parce qu'elles sont les piliers des familles et donc de la société : elles éduquent les enfants et elles ont un pouvoir d'influence non négligeable sur les hommes, quoiqu'on en dise ; et les enfants, parce qu'ils sont l'avenir et qu'ils peuvent être porteurs des changements que tu tentes d'inculquer.

Je crois que tu pourrais penser à diverses activités ciblées selon le sexe et les groupes d'âge afin de faire passer le message. La réflexion est souvent plus rapide lorsque les gens sont impliqués dans celle-ci et elle est surtout durable dans le temps. Par exemple, une présentation aux plus jeunes enfants de la chaîne d'alimentation suivie d'un dessin qui montre ce qu'ils ont appris, une petite exposition de photos prises par les adolescents qui montrent la pollution des environs et une discussion sur les effets de celle-ci sur la qualité de vie, les femmes sont souvent très sensibles lorsque l'on parle des effets sur leurs enfants, donc exposer les risques des pesticides sur les enfants, avec des images et des propos très concrets.

Le comportement à modifier tarde à changer aussi parce que ce dernier est socialement accepté par les pairs. Il faut donc faire en sorte qu'il y ait un contrôle social informel entre membre de cette communauté : ce sera gênant de déverser des produits dans le oued ou d'étendre des pesticides si de plus en plus de gens désaprouvent.

Essaie de cerner les leaders positifs de cette communauté également. Ces gens sont plus à même de passer le message auprès de leurs pairs et de les convaincre du bien-fait des pratiques que tu enseignes.

J'ai déjà vu par exemple un projet des 'Amis du parc'... pourquoi les 'Amis du oued'... ? Genre de petite brigade qui fait la promotion de l'environnement, formée de citoyens de la place. Pourquoi pas non plus une fête de l'environnement, une fête du Oued etc... après une bonne corvée de nettoyage? Les gens aiment bien les fêtes et c'est souvent une belle occasion de faire passer un message.

Bonne continuation :-)